D'apres l'article, ce serait donc la fin de l’éternel « retour », et peut-être même le début de la fin de notre religion. Attention, des croisades et des guerres de religion ont ete declarees pour moins que ca. Depuis plusieurs années que le vinyle a le vent en poupe, ventes à l’appui, on ne cesse de valoriser sa finesse sonore incomparable, sa rondeur exquise, supérieures aux autres supports. Mais il y aurait aujourd’hui comme une rayure dans le sillon, un caillou dans le moteur de la platine, qui détournerait le diamant de sa trajectoire et ferait sauter la tete de lecture et faire des cauchemars aux adeptes comme moi.

Mais que se passe bon dieu pour que l'avenir du monde soit aussi en danger? Et que meme les illuninatis s'en inquiettent

A en croire Gillian Welch and David Rawlings, exigeant duo folk américain, le grand mecahnt loup c'est encore le numérique.

Dans un récent article du Wall Street Journal, putain le Wall Street quand meme, les deux musicos de Nashville, qui ne plaisantent pas avec la qualité d’enregistrement de leurs chansons, expriment leur profonde frustration quant à la manière dont les vinyles seraient pressés aujourd’hui, et la piètre qualité sonore qui en découle, selon eux. « Ce que tout le monde fait, c’est prendre un fichier numérique et le graver sur un vinyle », s’insurge Rawlings, qui a investi (100 000 dollars) dans sa propre structure de pressage, tout analogique bien sûr. Et Gillian Welch d’expliquer qu’elle a, pour sa part, fait retirer de la vente une réédition de son album Soul Journey, dont la version vinyle aurait simplement été copiée depuis un CD.

En d'autres termes, ca s'appelle une trahison des saintes ecritures produites en bandes analogiques, un blaspheme quoi. Au moyen-age, un trux comme aurait merite au moins l'ecartelement suivis d'une perpet au fin fond d'un donjon.

Le refrain n’est pas neuf en fait: depuis le retour en grâce du vinyle, beaucoup – musiciens, mélomanes et internautes audiophiles – pointent régulièrement la mauvaise qualité de certaines sorties et pressages (Managueure en est devenu tres mefiant et le site discogs pour les avis des connaisseurs et autres adeptes de la chose vinylique est genial pour eviter les embrouilles et les deceptions), notamment de rééditions, manifestement produites à la va-vite et en dépit de tout souci de qualité et de respect de la sacralite de la galette.

Mais l’article du Wall Street Journal tisse une corrélation nouvelle : cette mauvaise qualité serait la cause aujourd’hui du tassement des ventes de vinyles, aux Etats-Unis tout du moins. Mais bien sur....mon cher Watson...Difficile de vérifier le lien de causalité, mais l’article soulève plusieurs questions pas denuees de bon sens: les vinyles aujourd’hui proviennent-ils tous de copies de fichiers numériques ? Et si oui, peuvent-ils quand même être de bonne qualité ? Parce-que si la qualite des nouvelles sorties baissent alors moins de fric et qui dit moins de fric dit moins de profits pour les majors etc d'ou l'article du Wall Street journal qui n'est pas un journal philantropique apotre du tout analogique doit-on le rappeler.

Personnellement, Managueure n'achete presque jamais de reissue pour eviter ce genre de probleme, par contre le probleme se pose vraiment pour les nouvelles sorties. Contacté, Music On Vinyl n’a pas répondu aux questions des journaleux.

Selon l'article de Telerama et Fredi, responsable commercial chez MPO, l’une des trois structures de pressage de vinyles en France: l’immense majorité des vinyles produits aujourd’hui, chez MPO comme ailleurs, provient de fichier numériques (Managueure est au bord de l'impolosion nucleaire en ecrivant ces lignes), 95 % sont gravés à partir de fichiers numériques au format .wav (non compressé) envoyés par les artistes ou les maisons de disques, et environ 4,9 % de CD. Le 0,1 % restant est pressé à partir de bandes analogiques. Un format extrêmement rare désormais (comme bientot le petrole, espeons mais helas pas encore comme la connerie humaine), mais qui était la norme jusqu’aux années 70-80. « Le son s’en ressent clairement », confesse Fredi, « sauf que plus personne ne travaille sur ce type de matériel aujourd’hui. A partir du numérique, on fait aussi de très belles choses ».

Pour reproduire un son de qualité sur vinyle, tout est alors affaire d’exigence et de précision. « J’en connais certains qui n’ont pas hésité à presser à partir de mp3 », déplore Jean-Baptiste Guillot, patron du label Born Bad, à l’origine de nombreuses rééditions. Audiophile radical, il explique soumettre toutes ses sources – bandes analogiques, vinyles d’origine – à restauration. « Un travail coûteux en temps et en argent ». Mais qui se révèle indispensable pour exprimer toutes les qualités sonores du format vinyle. Le jeu en vaut la chandelle : « Entre un .wav joué depuis ordinateur et un .wav gravé sur vinyle et préalablement converti en analogique, la profondeur, surtout des basses, est sans commune mesure », assure Fredi. Une nuance que tout le monde ne valorise pas aujourd’hui. Le simple fétichisme de l’objet reste puissant.

Alors le probleme existe et s'avere tres dangereux pour l'avenir, « Regardez toutes ces rééditions de vinyles à 10 euros mises en vente ces derniers temps », peste Guillot. « C’est de l’abattage : ils cherchent à écouler des fonds de catalogue, simplement pour profiter d’une tendance ». Au détriment du son, inévitablement. « Certaines maisons de disques, et non des moindres, ne s’embêtent pas et copient directement le CD », confirme Philippe Marie, responsable musique du magasin Gibert Joseph à Paris. Et de citer le dernier coffret consacré à Dieu benisse; Cream (edite par les bouchers d'Universal), au son « déplorable », ou la réédition du premier album de Renaud. « Non seulement le son est moche, mais la pochette aussi ! Comparée à l’édition d’origine, on dirait une mauvaise photocopie couleur, qui plus est agrandie ». Les clients s’en plaignent-ils ? Pas vraiment, ah revoila les neus neus! Ce qui semble détourner aujourd’hui certains acheteurs de vinyles, ce sont surtout les prix prohibitifs, frisant parfois la quarantaine d’euros. Et oui la machine a frix doit fonctionner a plein regime. On parlait pas plus-haut du Wall Street sa mere.

Pour Philippe Marie, « voilà ce qui pourrait entraîner une stagnation des ventes, à l’horizon 2018 » et la premiere des plaies d'Egypte s'annoncait a l'horizon. Ici attention on parle de pressages neufs, qu'en est-il du marche de l'occasion le second hand comme on dit? Eh oui pour Manageure, il n'y a pas mieux qu'un bon vinyle d'occas des 60's, 70 et du debut des 80's pour les raisons evoquees ci-dessus de qualite, dont les fetishistes d'editions originales sont tres frillants mais surtout les occass sont moins chers. Et justement ce pan important des ventes de vinyles n'e'tant pas compe dans les stats' de ventes. Celui-ci se porte bien a la vues des creations de magasins de disques independants mais comme tous les bon filons, celui-ci s'epuise doucement. Selon une visite recente de managueure dans l'un des magasins de vinyles, historiques de Tel Aviv, repute pour ses prix casses et le mauvais caractere du proprio, les gallettes d'occas ont desertes les bacs et sont devenues rares chez lui que neige au soleil du Negev, ce qui est bien symptomatique du probleme grandissant lie a l'appovrissement du filon et surtout de l'augmentation injustifiee des prix des galettes d'occas dans beaucoup de nouveaux magasins. Les grossistes vendent plus chers leur stock et les prix sont repercutes aux clients dans les magasins, ce qui veut dire, moins de vinyles d'occas et des prix plus eleves quand il y en a. La simple loi de l'offre et de la demande. On evoquait bien Wall Street tout a l'heure...

Il reste a savoir si le monde va tenir compte de ces mauvais presages, et aussi pressages et va laisser tomber le veau d'or numerique pour retourner aux vraies valeurs analogiques, de passion musicale et surtout a des prix normaux (ca j'en doute un peu) ou si l'on va assister a une explosion de la bulle speculative vinylique ce qui equivaudrait pour Managueure et tous ses freres a la fin du monde et a l'armaguedon musical.

Tcho,

Managueure from Bat Yam

Ps et pour info: En 2016, 1,7 million de vinyles ont été vendus en France (contre 15 000 en 2007, 519 000 en 2012, 742 000 en 2013, 825 000 en 2014, 988 000 en 2015). Malgré cette hausse constante, ils ne représentent aujourd’hui encore que 7,6% des ventes de supports physiques. En Grande-Bretagne, les ventes de vinyles n’ont jamais été aussi importantes depuis 25 ans, avec 3,2 millions d’unités écoulées en 2016 (2,1 millions en 2015). Aux Etats-Unis, 13 millions ont été vendus même si la hausse depuis 2015 (10%) est la plus faible depuis dix ans. En France, l’album vinyle le plus vendu en 2016 est Blackstar, de David Bowie (17 000).

Ps 2

Ce post est dedie a Hunter S. Thompson, Lester Bangs (deux geants), Todd Rundgren et son l'album la ballade de... que j'ecoute en ecrivant ce meme post et mes deux poissons rouges ''les poiscailles.