Il est 19h51. Les muezzins élèvent leur complainte un à un à ma droite et à ma gauche. Le ciel est rose à l'est vers le Mont des Oliviers, la lumière est douce. Je suis assis sur le rempart qu'a construit Suliman. De Silwan monte le murmure d'une ville moyen-orientale, quelques bruits de klaxons, tout est indistinct, comme la pénombre qui envahit la vallée. Ce soir, les juifs se rendent au mur des Lamentations. Ils marchent en silence. Ils s'asseyent par terre et disent : les routes de Sion sont endeuillées. C'est Tish'a Be'av. Ils pleurent la destruction du Temple. Je suis frappé par le calme. Tout à l'heure ce sera le balagan, les encombrements, mais pour l'heure les rues sont désertes. Et je me prends à rêver. Si les arabes respectaient la foi des juifs et les juifs celle des arabes. Si l'on ne cherchait pas à construire et à défigurer à tout prix cette ville. Si la paix pouvait régner sur cette ville et le monde entier venir y chercher de l'inspiration et l'élévation de l'âme. Ce soir, on ne danse pas à Hébron, on pleure à Jérusalem. La magie du moment a été éphémère mais le rêve restera.